Notre façon de nous alimenter évolue au fil du temps, cherchant à s’améliorer, à poursuivre un but, à régler un problème, ou simplement pour embarquer dans la vague. Des façons d’y parvenir ? En voilà ! Ce n’est pas le choix qui manque. C’est une véritable marée des diètes ! L’une vient, l’autre va. Chacun trouve chaussure à son pied, pour quelques kilomètres, parfois pour plus longtemps. Ces dernières années, se pavanent au top de la vague, le jeûne intermittent et la diète cétogène (la diète Keto pour les intimes). Ils sont littéralement sur toutes les lèvres ! Doit-on embarquer dans la vague ?
Décrivons ces deux diètes rapidement. Le jeûne intermittent, tout comme la diète cétogène, ne datent pas d’hier. Toutes deux pratiquées depuis des siècles, on les suit pour des raisons médicales, religieuses ou sans même le savoir. Dans le cas du jeûne intermittent, on prive le corps de nourriture pendant une certaine période. Il existe une panoplie de façons de s’y prendre, allant du simple fait de sauter le déjeuner à ne s’alimenter qu’un jour sur deux. Son but ? Changer le type de carburant utilisé par les organes du corps. Cette diète permettrait de mieux contrôler le diabète, favoriserait la fonction cognitive et la perte de poids, et diminuerait l’inflammation et les risques de souffrir d’une maladie chronique, dont certains cancers.
La diète cétogène poursuit le même but, soit de modifier le carburant utilisé par le corps, mais d’une autre manière. Initialement, nos organes carburent avec du glucose (sucre), fourni par une alimentation variée. Lorsqu’on en coupe radicalement les sources, notre corps utilise une voie alternative à cette production d’énergie et recourt à ce qu’on appelle les corps cétogènes. Ce nouveau carburant provient de l’utilisation des lipides (gras). Concrètement, on élimine les fruits, produits céréaliers (produits de boulangerie, pâtes, riz, quinoa, etc.), le lait et yogourt, certains légumes, les légumineuses, et tout ce qui pourrait contenir du sucre. L’assiette va alors se remplir de viandes, de poissons, de noix et de graines, d’huiles, de certains légumes et de fromages. Au début des années 1900, cette diète améliorait la gestion de l’épilepsie. Aujourd’hui, on lui attribue un meilleur contrôle du diabète, de la satiété et du poids. Elle favoriserait l’équilibre psychologique et diminuerait le risque de développer certains cancers.
À l’heure actuelle, il existe peu d’études permettant de faire le point sur les effets à long terme de ces diètes, par contre des centaines d’études sont en cours sur le sujet ! Il nous faudra encore quelque temps avant d’être en mesure de se prononcer sur leurs effets à long terme. Ces deux types d’alimentation soulèvent en effet plusieurs inquiétudes. Quels sont leurs impacts sur la santé cardiovasculaire et sur le microbiome ? La difficulté à suivre la diète ainsi que la diminution du plaisir de manger ne facilitent pas la tâche à ceux qui désirent y adhérer. Difficile de tenir le coup à long terme ! En plus du risque de carences alimentaires (en particulier dans le cas de la diète cétogène où les vitamines, minéraux et fibres sont très limités), suivre une alimentation très restrictive et contrôlée relègue aux oubliettes nos précieux signaux de faim et de satiété; signaux qui, si on les écoute, guident à merveille notre corps à manger selon ses besoins.
Au cours de mon expérience comme nutritionniste, j’ai pu constater que les effets d’une diète ne se limitent pas aux effets qu’elle peut produire physiquement. La restriction cognitive apporte son lot de stress et mène dans un cycle malsain de « tricherie » et de culpabilité, conduisant parfois à souffrir de troubles alimentaires.
Avant de sauter les pieds joints dans la prochaine vague, prenons un instant pour mesurer son envergure. Elle peut être douce ou bien nous renverser et faire du dégât. Cela reste un choix personnel, qui ne doit pas être jugé ni condamné. Chaque individu va réagir différemment à une certaine façon de manger. Plusieurs personnes ont trouvé dans ces diètes la réponse à des problèmes concernant leur santé. Dans mon dictionnaire personnel, l’alimentation est simple, modelée par nos besoins et les goûts qui nous sont propres. C’est ainsi qu’elle peut aussi être maintenue à long terme, en misant sur de saines habitudes. Chaque type d’alimentation a ses points forts. La diète cétogène soulève le fait que nous consommons peut-être trop de sucre et de sources de glucides. Le jeûne intermittent peut nous rappeler de mettre la pédale douce sur le grignotage. Pourquoi ne pas examiner chacune de ces vagues et ne retenir que ce qui est bon ? Prenons le temps de nous renseigner, de mesurer les risques par rapport aux bénéfices attendus, et parfois de savoir regarder simplement la vague passer.
Par Cécile Daleau, nutritionniste