10 janvier 2024

La santé sexuelle chez les personnes de 50 ans et plus est tributaire d’une série de facteurs allant de l’éducation parentale reçue dans l’enfance et durant l’adolescence.

La perception de la sexualité est un indicateur dynamique de son actualisation, tout comme le niveau de libido, la pulsion sexuelle, le désir sexuel, la fantasmatique et la canalisation érotique adéquate. Certes, les valeurs familiales, culturelles, religieuses et morales teintent l’expression sexuelle et les pratiques sexuelles des sénescents (vieillissement naturel des tissus de l’organisme vivant). Plus particulièrement, le contrôle social et religieux a longtemps été répressif face à la sexualité hors du mariage et aux relations prémaritales, tout en reprochant les relations extraconjugales.

La santé sexuelle a donc une base développementale et une continuité personnelle et sociale dans le temps qui influence son entretien et sa maintenance, sa mise ou non en priorité et l’ensemble de ses manifestations, tant dans l’hétérosexualité, ladite hétéronormativité et la diversité sexuelle, l’orientation de genre et l’orientation sexuelle.

L’épanouissement sexuel peut subir des tabous et des obstacles dans le parcours de vie. Des traumatismes, des abus sexuels et autres atteintes à l’intégrité entraînent des conséquences marquantes qui perdurent souvent. Le plaisir solitaire via l’autosexualité et/ou les rapports intimes et génitaux n’ont théoriquement pas d’âge. Toutefois, au début de la sénescence, des crises identitaires et conjugales peuvent s’installer, de même que les remises en question d’ordre sexuelles et conjugales.

De plus, l’arrivée plus ou moins éprouvante de la ménopause et de l’andropause ont leurs impacts relatifs sur la libido, le désir sexuel, la réponse sexuelle (lubrification, érection, plateau, orgasme et résolution) et l’envie de la vie sentimentale et des rapprochements intimes.

De plus, des commentaires sévères et ostracisants peuvent venir ridiculiser la sexualité des vieillissants, la rendant taboue, déviante, marginalisée et anormale. Néanmoins, la périménopause est souvent un signe de libération, d’une montée de libido et un second début sexuel pour bon nombre de femmes de 50 ans et plus. L’andropause peut malencontreusement installer la peur de l’échec sexuel chez certains hommes étant donné les possibles modifications érectiles, éjaculatoires et post-éjaculatoires. La masturbation prend davantage d’espace chez plus de la moitié des sénescents des deux sexes cisgenres.

Réinventer la vie sentimentale et érotique passe par se donner le droit à des fantaisies multiples, à la créativité et à la communication adaptée et sincère, à l’adaptation aux corps vieillissants et à l’image corporelle altérée, aux difficultés sexuelles potentielles et une lutte à la routine toxique. Le défi d’écrire ses prochains chapitres de vie sexuelle demeure tout entier et les éloignements peuvent prendre le dessus.

L’histoire sexuelle personnelle et de couple est aussi un indicateur de continuité de la santé sexuelle et de son maintien durant l’avance en âge. Certes, des maladies physiques, des cancers, des opérations chirurgicales, l’alcoolisme et des déficits cognitifs plus ou moins sévères ont leur part d’influence sur la santé sexuelle. L’âgisme, les préjugés défavorables à la vie sexuelle, le sentiment d’être asexué et asexuel influencent ladite permissivité à la sexualité et le sentiment d’avoir ou non le droit à sa santé sexuelle.

Ajoutons le veuvage, le divorce, l’invisibilité sexuelle, l’homophobie et le tabou sexuel ressenti en résidence pour aînés ou en CHSLD qui peut freiner les élans, allant même jusqu’à sentir l’interdiction provoquant une frustration, un refoulement des pulsions sexuelles entrainant des comportements perturbateurs, voire agressifs. Le regard du personnel du réseau de la santé et des gestionnaires peut s’avérer péjoratif et discriminatoire face à l’expression sexuelle.

Finalement, devenir proche aidant d’une personne plutôt malade, relativement hypothéquée et/ou ayant un trouble neurocognitif, devient un défi et une réévaluation de la sexualité. La notion de consentement devient aléatoire et la dynamique sexuelle s’en trouve ébranlée.

Yvon Riendeau, gérontologue social, chargé de cours à l’UQAM et conférencier

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