Déménager dans une résidence pour aînés comporte toujours sa part d’inquiétudes, autant pour la personne qui quitte sa maison ou son appartement que pour sa famille.
La personne aînée ou en perte d’autonomie apprendra à côtoyer un nouveau groupe et à s’acclimater à un nouvel environnement, voire à un nouveau milieu de vie. Nous avons demandé à trois résidences de nous raconter comment elles contribuent au jour le jour à créer un endroit qui soit le plus agréable possible pour leurs résidents.
Impliquer les résidents
La directrice des opérations pour Le Renaissance Manoir St-Francis de Sherbrooke, Gabriela Rotariu, croit qu’il faut impliquer les résidents dans les activités quotidiennes. « Ils nous aident parfois en salle à manger, avec le service (pour des événements spéciaux) », explique-t-elle. Avoir des activités de loisir variées est un élément important à la création d’un milieu de vie. Là encore, les résidents sont impliqués dans l’organisation de ces activités.
Mme Rotariu croit qu’il est indispensable d’écouter les résidents pour le choix des menus et qu’ils prennent part aux décisions administratives, comme l’aménagement du jardin extérieur. Une quatrième façon d’apporter du bonheur aux résidents est, dit-elle, « d’organiser de temps en temps des événements exceptionnels tel un spectacle de poupées géantes. »
Le Renaissance Manoir St-Francis mise enfin sur une présence active de la direction dans la vie des résidents : dans la salle à manger pour les repas pour avoir une rétroaction immédiate, lors des activités et tenir des rencontres régulières avec un comité de résidents. « En conclusion, dit-elle, nous privilégions une participation active des résidents dans toutes les activités de loisir et de la vie quotidienne ». La clientèle hébergée est autonome et semi-autonome.
Se sentir chez soi
Pour l’adjointe à la direction du Manoir Lafontaine de Rivière-du-Loup, Mélanie Poirier, la chose la plus importante quand on choisit une résidence est d’y être à l’aise. « C’est primordial de s’y sentir comme à la maison », soutient-elle.
L’accueil du personnel, les activités de la résidence et le choix de la vue que la personne aimerait avoir à partir de son futur appartement sont des critères à considérer, selon elle. « Savoir qu’il aura une surveillance sur place pour se sentir en sécurité, qu’on lui offrira des repas de qualité et qu’il aura accès aux commerces environnants sont autant d’éléments dont un futur locataire en résidence pour aînés doit tenir compte », ajoute Mme Poirier.
« Certains hésitent à quitter leur maison, car ils ont beaucoup d’objets personnels qui leur tiennent à cœur, mais le fait de savoir qu’ils peuvent donner ces objets, auxquels ils tiennent le plus, aux membres de leur famille ou même à certains organismes dans le besoin, les aide beaucoup à prendre leur décision de venir habiter dans un logement qui leur offre plusieurs avantages », poursuit l’adjointe à la direction du Manoir Lafontaine.
Une visite des lieux permet toujours au futur résident d’obtenir des réponses à ses questions en fonction de ses besoins, conclut-elle.
Créer des liens sociaux
À la Résidence Pierrette-Ouellet de Mont-Carmel, au Kamouraska, un milieu de vie pour personnes autonomes et semi-autonomes, Anne-Marie Soucy, infirmière clinicienne, insiste sur l’importance de tenir des activités organisées par des animateurs les après-midi de la semaine (activités sous forme de groupes dans les aires communes ou individualisées selon les envies des personnes âgées), et ce, dans le but de créer des liens sociaux et d’augmenter leur qualité de vie.
Elle propose aussi l’aménagement d’aires communes intérieures pour rendre les lieux plus chaleureux. Ces lieux peuvent prendre la forme d’un salon avec télévision, petit foyer et piano, d’une grande salle à manger avec des tables pour plusieurs personnes, des petits oiseaux, des décorations thématiques selon les moments de l’année, etc.
« Un aménagement de la chambre, individuel et personnalisé, est indispensable, tout comme le respect de l’intégrité des résidents, de leur intimité et de leur vie privée », dit-elle.
Espaces extérieurs
Mme Soucy parle aussi de l’importance d’avoir plusieurs espaces extérieurs disponibles pour les personnes âgées, pour leurs familles et pour leurs proches aidants. Par exemple, il peut s’agir d’une galerie couverte ou non avec plusieurs places assises, d’un jeu de pétanque, d’un gazebo, d’un jardin avec des fruits et légumes (entretenu par les animateurs et les résidents), voire un poulailler.
Pour que les résidents se sentent bien dans leur nouveau milieu de vie, ils doivent pouvoir compter, dit-elle, sur « une équipe d’employés qui a à cœur le bien être des personnes âgées, et qui les accompagne avec beaucoup de bienveillance, de respect et d’humanité, comme si c’était une grande famille ». Les membres de cette équipe doivent adapter leurs pratiques aux réalités des résidents, comme s’ils étaient à leur domicile. L’approche doit être centrée sur la personne âgée, personnalisée et adaptée, croit Mme Soucy.
Favoriser l’implication des familles et des proches aidants dans le quotidien des personnes âgées est primordial, car ils sont des acteurs incontournables et complémentaires dans le développement d’un milieu de vie adapté pour les aînés. « C’est un déterminant essentiel dans l’adaptation du résident à son milieu de vie », conclut-elle.
Par Maurice Gagnon, journaliste
Natif de Saint-Pacôme, Maurice Gagnon travaille comme journaliste sur la Côte-du-Sud. Il collabore sur une base régulière avec l’hebdomadaire La Terre de chez nous, Reflets, Continuité et autres magazines. Maurice Gagnon a écrit pour le théâtre et scénarisé quatre parcours théâtraux en collaboration avec Le théâtre de La Bacaisse. Enfin, il a scénarisé et réalisé un court-métrage documentaire, Gabrielle, sur l’écrivaine Gabrielle Filteau-Chiba.