Pour plusieurs, la question des placements financiers est un langage extraterrestre dont les tenants et aboutissants sont inatteignables et incompréhensibles. Dans un contexte normal — sans guerre et sans pandémie — il est parfois difficile de choisir entre les différentes opportunités qui s’offrent au consommateur. À l’heure où l’incertitude et l’instabilité gagnent une part de nos vies, que faire avec notre argent ?
Tout est d’abord une question de personnalité : êtes-vous du genre prudent, modéré ou audacieux dans la vie ? Êtes-vous à l’aise pour vivre avec une part de risque ou juste d’y penser vous donne des boutons, vous amène à vous ronger les ongles ou vous empêche de dormir ?
Voilà l’un des éléments que vous devez d’abord déterminer : suis-je capable de composer avec l’idée d’une situation évolutive sur laquelle je n’ai absolument aucun contrôle ? Lorsque la situation mondiale est ce qu’elle est ou qu’une pandémie nous frappe une fois aux cent ans, le réflexe de tout le monde est de vouloir sortir son argent des coffres étrangers le plus rapidement possible, de récupérer ses billes, mais les économistes s’entendent pour dire qu’il faut faire preuve de patience. Il est très rare, voire exceptionnel, de voir la bourse chuter au point où vous perdrez l’ensemble de l’argent que vous avez confié à l’une ou l’autre des institutions en laquelle vous avez misé.
« Ça dépend des taux d’intérêt : tout ce qui est rémunéré, comme les obligations par exemple, ça va remonter. C’est sûr toutefois que c’est un bon moment pour épargner au lieu de s’acheter une grosse télé neuve. Ma crainte est pour ceux qui subissent l’inflation et qui n’ont déjà pas d’argent pour épargner à la fin du mois », mentionne Frédéric Laurin, économiste à l’Université du Québec, à Trois-Rivières.
« Il y a une volatilité. L’inflation sera là plus longtemps que prévu, plus longtemps qu’on le pense dans le temps. Les banques centrales augmentent leurs taux d’intérêt et les gens vont voir leur portefeuille monter et descendre rapidement. Il ne faut surtout pas paniquer : il faut poursuivre le plan établi au moment du placement, surtout si c’est un placement à long terme comme un REER, par exemple », explique Patrick Charlebois, conseiller principal en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille, à la Financière Banque Nationale.
Gardez donc le regard fixé sur l’objectif que vous aviez au départ : faire des profits, diversifier votre portefeuille, ou encore, encourager un secteur de l’économie qui vous tient à cœur. La clé demeure également de persister à contribuer de façon régulière aux placements, mais de ne pas les stopper complètement. Résister à l’idée et à l’envie, soyons honnêtes, de tout retirer s’avèrera la meilleure façon de pouvoir profiter de bénéfices appréciables ou de rapporter la barque à flot à terme. Même si c’est plus simple à dire qu’à faire, c’est évident. Cette tentation s’avère encore plus grande pour vos enfants ou petits-enfants qui, techniquement en tout cas, n’auront pas besoin de retirer l’argent qui se trouve dans leur REER à court terme et peuvent donc se permettre d’attendre, et j’en conviens de prendre une grande respiration en voyant les sommes importantes qui peuvent avoir fondu du document qui résume vos placements au sein de telle ou telle institution.
Certaines institutions ont même envoyé une communication à leurs membres, comme la Banque Royale du Canada, qui a récemment envoyé un courriel pour rassurer sa clientèle quant au conflit entre la Russie et l’Ukraine.
« Malgré les manchettes alarmantes consacrées à l’inflation, aux manifestations et aux actes de guerre, il est important de se rappeler que les fluctuations de marché sont habituelles », mentionne l’institution bancaire. « Par le passé, nous avons constaté que la période de réaction aux actes de guerre est souvent courte, et que les marchés ont tendance à surmonter rapidement ces événements », ajoute-t-elle. Comme elle le souligne, et le même constat est effectué par les experts consultés, les marchés ont l’habitude de se remettre de ces événements, à condition d’avoir un portefeuille diversifié.
Le marché s’est toujours remis des replis suite aux grands événements comme le lundi noir de 1987, la bulle Internet entre 2000 et 2003, alors que l’on croyait au bogue de l’an 2000 et la crise financière de 2007 à 2009.
Marc-André Pelletier est journaliste depuis 13 ans, dont 12 en Mauricie, après un passage dans la ville de Québec. Il voit son métier comme un service public d’abord et avant tout. Il s’intéresse aux causes sociales, aux sujets politiques et au milieu de la santé. Son parcours professionnel l’a surtout mené dans l’univers de la radio parlée, mais il a aussi touché au milieu de la presse écrite et de la télé.